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        Sommes-nous réellement sur une île? Ce qui est certain, c’est que ce lieu se situe au-delà de nos réalités quotidiennes et reste le dernier lien possible pour tenter de recouvrer un peu d’humanité.

       Quatre personnages se rencontrent, emplis du fardeau d’une existence trop lourde, compliquée, insignifiante. Ils voudraient s’asseoir autour de l’unique table pour parler, seulement pour parler. Mais il manque une chaise, et une chaise qui manque, c’est infernal. Lorsqu’ils y parviendront, ils pourront se dire tout, enfin presque… Ils pourront rire ou pleurer et puis parler encore. Etre entendu, c’est tellement important  d’être entendu. Jack et Harry s’inventent une amitié idéale pour combler le passé, comme s’il était encore possible de le corriger et jouent de mensonges pour supporter le présent. Jack parlera de sa nombreuse  famille, inexistante, ainsi il ne sera plus orphelin. Harry aurait aimé être musicien, ou acteur, mais il est dans le chauffage et tient à ses gants comme à un trésor que sa femme lui a offert. Quant à Katleen et Marjorie, elles s’exécutent à vivre, au jour le jour, entraînées par leurs tourments. Marjorie déteste Noël, « c’est insupportable noël avec tous ces gens heureux quand on est seule ». Avant ?… elle aimait empiler des boîtes de conserve dans des cartons, depuis, elle s’ennuie. Katleen affirme que les hommes ne devraient pas se marier avant quarante ans et prétend qu’un homme et une femme ne sont pas faits pour vivre toute une vie ensemble. Son homme à elle ? « y pue » Elle a tout cassé dans son appartement…avant d’ouvrir le gaz.  Au milieu de cette folie, il y a Alfred. Il passe et il revient.  Alfred est ailleurs, silencieux si on l’ignore, agressif à la moindre contrariété. Son obsession pour les chaises bouscule les repères et  embrouille le quotidien d’individus égarés depuis longtemps. Dans cet espace dénudé, aucune prise pour se raccrocher, même pas à une illusion. Seulement des mots, pour tenter de ne pas sombrer tout à fait. Mais surtout, surtout, que la conversation continue, pour repousser la fin.

 De ces déséquilibres drôles, émouvants, on rit, on pleure, on s’émeut.

 

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